Nouvelle rencontre avec Philippe ROBIAUD

Samedi 7 janvier 2023 eu lieu la deuxième interview de Philippe ROBIAUD, une des mémoires du minitel. Cette interview a été menée par Philippe DUBOIS (président de l’association MO5.com), Guillaume MONTAGNON (auteur du livre Une histoire du jeu vidéo en France. 1960-1991 : des labos aux chambres d’ados aux éditions Pix’n love), Franck PALUSCI (La ludothèque française) et Benoit MORAUX (La ludothèque française)

 

Au menu, la fin du Télétel, les premiers jeux, les premières entreprises intéressées, le G7 de Versailles…

Philippe ROBIAUD : en 1980 le Minitel est en gestation à Rennes sous la houlette de Bernard Marti parallèlement au test T3V de Vélizy.

Le test de Vélizy n’est pas extrapolable pour de multiples raisons

Le système de Vélizy supposait de mobiliser le téléviseur familial pour échanger des informations ce qui créait un conflit avec l’usage habituel de la télévision.

Alors deux télévisions ? peu concevable !

En outre à l’époque les réseaux téléphoniques avaient des débits trop faibles pour transmettre des écrans couleurs.

Enfin les décodeurs de Vélizy surnommés poêles à frire étaient plutôt encombrants et auraient été chers à produire en grande quantité.

Le Minitel évitait ces inconvénients avec un bémol : les écrans étaient en noir et blanc.

A Vélizy en quatre ans d’existence, les premiers graphistes numériques ont littéralement fabriqué environ 30000 écrans, créant une véritable écriture avec seulement 900 points ou pixels et 9 couleurs et des trésors d’imagination.

Ces écrans peuvent être vu comme la préhistoire de nos écrans Internet et les débuts de l’art numérique exposés comme tels à Beaubourg en 1982.

Revenons au Minitel.

Gerard Théry patron de France Télécom présente un Minitel au Président Giscard D’Estaing en présence de Raymond Barre Premier Ministre.

Le président pianote et s’amuse de la maladresse de son premier ministre aux doigts plus épais.

Plus sérieusement feu vert est donné à Gérard Théry pour poursuivre l’aventure.

Face aux pressions des médias qui craignent pour leur avenir, le prétexte du remplacement de l’annuaire papier par l’annuaire électronique permet le lancement à grande échelle du Minitel gratuit avec le succès que l’on sait et un départ hésitant quant aux villes volontaires.

En 1983 le test de Vélizy s’arrête et les services que j’ai installés à Vélizy sont repris dans la version Minitel.

Je pense en particulier à la BNP, pionnier dans cette aventure et avec laquelle j’ai développé des services très avant-gardistes.

Sans doute le premier système expert de la télématique en indexant les produits bancaires sur les motivations de ses clients pour aboutir à la meilleure proposition possible.

Une histoire de banque depuis l’antiquité illustrée par ma femme requise comme graphiste.

Un jeu promotionnel à valeur pédagogique : j’ai imaginé le BOLTO : un quiz sur la BNP suivi d’une loterie.

Les gagnants du quiz sont invités à choisir un chiffre entre 1 et 99(dizaines exclues)

La machine en propose un entre 1 et 99

Si c’est le même, on gagne le gros lot.

Ce n’est pas tout, le chiffre se déforme par inversion (19 et 91), multiplication (16 et 32), addition (44, 62), soustraction (21, 43), position (-9, -9 ou 5-,5-)

En cas de coïncidence des lots secondaires sont attribués.

J’ai réutilisé ce jeu pour le service télématique de la Guadeloupe… A la clé, il y avait un voyage à gagner ! Il y avait une centaine de questions sur la Guadeloupe et dès qu’un joueur se trompait, il revenait en arrière et recommençait. Les joueurs finissaient par connaître par cœur les réponses, ce qui représentait une certaine valeur pédagogique.

J’avais imaginé un autre jeu de type chasse au trésor où je cachais très loin dans l’arborescence des services un Louis d’or. Pour le trouver, il fallait parcourir tous les services et ainsi découvrir ce que souhaitait présenter la société exposant le service.

Guillaume MONTAGNON : L’idée de réaliser des jeux est-elle arrivée dès le début ?

Philippe ROBIAUD : Le premier dont je me souvienne avait été développé pour une exposition à Sup de Co Paris. Une demi-douzaine de prestataires de services présentait des démos. J’avais fait un jeu de sagacité pour la société COOP (distribution). En répondant aux questions, on gagnait une, deux ou 3 étoiles. Pour la petite histoire, c’est ma fille qui avait réalisé un embryon d’étoiles qui avaient été intégrées dans ce jeu.

La conclusion de la BNP est un peu triste. Le projet n’est pas monté suffisamment dans la hiérarchie et a été arrêté.

En parallèle, c’est un certain Lévêque au CCF qui a créé la première banque en ligne via le Minitel.

Philippe DUBOIS :  La BNP a investi assez pour créer un ensemble de services importants mais pas financiers ?

Philippe ROBIAUD : Tout à fait, le projet BNP n’a pas dépassé le stade des actes de gestion au quotidien (ex : commander un chéquier) et on ne pouvait pas consulter ses comptes.

Les enjeux n’ont pas été perçus par les personnes qui pilotaient le projet.

Un autre exemple, le Printemps n’a pas dépassé le service de la liste de mariage. C’était un service très utile mais très petit à l’échelle de la télématique et d’internet.

Philippe DUBOIS :  Est-ce que des sociétés ont déjà dit que ce n’était pas intéressant ?

Philippe ROBIAUD : Non. A Vélizy, j’aidais les 5 jeunes commerciaux à parler au bon niveau dans les sociétés démarchées et nous n’avons pas eu de refus, bien au contraire. J’ai réussi à vendre la Télématique dans toute l’Alsace. J’ai fait une présentation édifiante au PDG des 3 Suisses qui m’a même proposé de devenir DG de sa société, proposition déclinée car j’étais très passionné par le domaine de la Télématique.

Guillaume MONTAGNON : Les acteurs arrivent-ils à bien comprendre les enjeux de la Télématique ?

Philippe ROBIAUD : Non, non. Il a fallu du temps pour comprendre les enjeux de la Télématique comme il a fallu du temps pour comprendre les enjeux de la messagerie en ligne. Elle a été inventée en 1981, il a fallu 2 ans pour qu’elle arrive à Paris malgré le rapport fait après notre visite à Strasbourg.

Pour en revenir aux clients, chez Renault, avec la Télématique, j’ai initié toutes les fonctions de service après-vente à savoir la prise de rendez-vous et ce qui tournait autour du SAV.

Chez Cetelem, après mon topo commercial classique sur la Télématique, un séminaire de 2 jours à Feucherolles a permis de détourer l’ensemble des fonctions majeures touchant à la stratégie de l’entreprise et à son organisation.

Très souvent, des services marketing avaient des idées de création de services et les services opérationnels (les informaticiens) pouvaient en avoir d’autres. Ces derniers veulent se simplifier la vie et veulent éviter de se lancer dans des projets innovants remettant en cause leurs acquis. Chez Cetelem, les services opérationnels ne se sont pas opposés au développement des services télématiques, le marketing a pu se lancer dans le projet télématique et refondre certains processus et une partie de l’organisation.

Un bon exemple de service fut l’obtention de crédit par un client. Le processus humain avant la télématique était composé de plusieurs étapes :

  • L’étape importante de scoring était laissée à l’appréciation du conseiller (si on était sympathique au conseiller d’une boutique Cetelem, celui-ci pouvait laisser passer un critère bloquant).
  • Une fois passée l’étape de scoring, le dossier était transmis au back-office Cetelem qui recherchait le nom du client dans la liste des mauvais payeurs. Ces noms étaient conservés sur des rouleaux de microfiches qu’il fallait regarder au microscope. Ces microfiches étaient aussi mises à disposition des magasins
  • Ensuite, le dossier complété partait en validation dans le back-office pour signature et revenait quelques semaines plus tard

Il ne fallait pas être pressé d’obtenir son prêt !

La procédure télématique a balayé tout ce processus :

  • Le vendeur du magasin rentrait les informations du client sur le Minitel sans connaître les règles de scoring et recevait le résultat sous une forme simple : Oui/Non.
  • Ce scoring étant devenu systématique par l’analyse objective et exhaustive des critères du client (ex : ancienneté du client dans sa banque, adresse, âge, etc…). Le vendeur ne pouvait plus deviner comment forcer le passage du dossier.
  • De même, la vérification du fichier des mauvais était rapide et ne nécessitait plus la transmission des microfiches.
  • Les magasins avaient des imprimantes sur lesquelles étaient imprimés les dossiers de prêt. Ensuite, il fallait l’envoyer à Cetelem pour signature.

Cela prenait une quinzaine de minutes pour établir un dossier là où il fallait plusieurs jours auparavant. Gain de temps, d’énergie, de personnel, fiabilisation du contenu des dossiers et grande simplification des échanges.

En agence, le déploiement du projet télématique fut difficile du fait de la résistance au changement classique. Il a fallu user de démonstrations, explications, réunions pour informer et convaincre les collaborateurs d’utiliser cette nouvelle technologie.

Le résultat fut exceptionnel car Cetelem a gagné des parts de marché très importantes face à ses concurrents dont son principal adversaire Sofinco. Le passage à la télématique a donc été un facteur de succès majeur de Cetelem.

Au-delà des entreprises, le succès de la télématique est venu aussi de sa simplicité. Simplicité dans les affichages des écrans, simplicité dans la manipulation du clavier, simplicité de la connexion. Et le Minitel a aussi contribué à mettre des millions de personnes à l’informatique en utilisant un ordinateur très simple et un clavier.

Encore aujourd’hui, les personnes âgées trouvent les ordinateurs actuels bien trop compliqué en comparaison de ce qu’ils avaient connu avec le minitel.

Parmi les entrepreneurs, peu on réussit à faire fortune avec la télématique. Niel est un des rares contre-exemples. Contrairement à ce que l’on imagine, ce n’est pas avec la messagerie rose qu’il a bâti sa fortune mais avec le service d’annuaire inversé [NDLR : 3617 ANNU].

Il a gagné beaucoup d’argent sur cet annuaire et peu en comparaison avec la messagerie rose.

Un grand sommet international à Versailles [NDLR : le G7 qui a eu lieu en 1982] a permis de faire connaître le Minitel dans le monde entier. La direction des télécom avait été missionnée pour réaliser un réseau de minitel installés dans toutes les chambres des chefs d’État et de leurs collaborateurs, Michel BOUVIER de France Télécom avait piloté ce projet de par ses responsabilités sur la promotion du minitel. Des services adaptés ont été développés pour l’occasion afin de diffuser des informations sur les conclusions du G7 en cours, les données économiques et sociales des différents pays présents, des services d’échanges entre conseillers, etc…

L’équipe de BOUVIER devait faire la promotion en France mais aussi à l’étranger par exemple aux Etats Unis, Georges NAHON en faisait partie. Il était basé aux Etats Unis et avait pour mission de vendre les technologies françaises localement, sans succès malheureusement.

Dans l’équipe de BOUVIER, je connaissais Jean-Paul LARAMÉE qui était un bon ami. Il a vendu les premiers contrats de la publicité de la télématique. Il avait d’ailleurs embauché deux belles femmes pour vendre les contrats : ma femme et Sophie Toscan Du Plantier (qui fut tragiquement assassinée en Irlande).

Guillaume MONTAGNON : A Vélizy, est-ce que le kiosque existait déjà ?

Philippe ROBIAUD : L’histoire de la tarification est effectivement arrivée à Vélizy. L’objectif était de vendre des services et donc de faire payer l’utilisateur. France Telecom a eu l’idée de proposer une tarification sur la communication qui est facilement facturable aux clients sur leur facture télécom.

Le premier numéro sortit fut le 3614 qui était gratuit. Le 3615 est arrivé rapidement après car les annonceurs voulaient faire payer leurs services.

Sur la tarification aux clients, France Telecom et les vendeurs se partageaient équitablement les montants. Peu après, les 3616, 3617 et 3621 sont arrivés.

Cette notion de facturation au temps passé n’a pas duré longtemps au-delà de la télématique car des services comme PayPal ont pris la suite pour permettre la facturation de services à l’acte. Je le rappelle, ce service de type paiement à l’acte avait été inventé par Tetard dans le cadre du projet télématique (donc bien avant PayPal) mais il n’avait pas été jugé intéressant à cette époque-là et avait laissé la place à cette facturation au temps passé.

Cette tarification des communications a tout de même permis de financer ces services et leur hébergement ce qui a permis aux différents acteurs de se lancer dans la télématique.

La télématique s’est aussi développée dans le domaine professionnel. J’ai construit 2 messageries de type Outlook pour des forces de ventes. Il y avait par exemple l’expérience Donnay, 30 représentants avaient des valises portables avec des coupleurs acoustiques afin de consulter des stocks en itinérance et de prendre les commandes directement dans les magasins. C’était une grande source d’économie de temps et d’argent.

Le succès du Minitel était évident de par le gain de productivité que cela procurait.

Malheureusement, la France n’a pas pu transformer cet essai car les GAFAs sont arrivés par la suite et ont balayé le minitel. Les gouvernants français n’ont pas facilité les choses pour le minitel d’ailleurs car les services développés pour la télématique ne pouvaient pas utiliser les mots du dictionnaire. Par exemple le 3615 mode d’emploi. Il était donc nécessaire de réfléchir à un autre nom autorisé et pas trop éloigné de la thématique du service et d’en faire une coûteuse publicité pour le faire connaître.

Philippe DUBOIS :  D’où vient cette limitation sur les noms des services ?

Philippe ROBIAUD :  aucune idée. C’était chez France Telecom sous l’influence de lobbyistes sans aucun doute. En même temps, c’était dans un souci d’équité. En effet, si je prends le 3615 MUSIQUE, d’autres services ne pourront pas le prendre. Mais c’est le même problème sur Internet avec l’achat des noms de domaine.

Guillaume MONTAGNON :  Y-avait-il une procédure pour déposer un nom de service ?

Philippe ROBIAUD :  En effet, il y avait une procédure demandant de demander des dossiers de dépôts. C’est bien plus facile maintenant. Les dossiers de transfert de nom étaient particulièrement compliqués.

Pour revenir sur l’adhésion aux principes de la télématique et du minitel, j’ai plusieurs anecdotes.

Lorsque je parlais de services Minitel au patron de la société de lessive Henkel, qui était un ami, je lui disais que le contact télématique était extrêmement important. Lui me répondait qu’il faisait des campagnes de pub TV autrement plus importantes et qu’il n’en avait rien à faire des 1000 clients qu’il pourrait sélectionner suite à une campagne SAV.

Mon beau-frère était le patron informatique d’une société et utilisait des gros ordinateurs. Il n’a jamais cru à la télématique, il m’a dit que j’étais totalement cinglé ! Plus tard, il a été viré car tous les développements informatiques étaient externalisés vers des sociétés de services qui prenaient à leur compte les réalisations informatiques.

Autre exemple de mauvaise compréhension des enjeux, c’est le Ministère de l’Agriculture qui nous demande de réaliser un développement télématique portant sur les services de ce ministère. Ces développements étaient concomitants à une campagne de pub TV qui ne durait que 3 semaines. Malgré mes conseils de laisser ce service d’informatique en ligne après la fin de cette campagne de pub car il présentait des informations pérennes, le ministère, n’ayant pas compris l’intérêt, m’a demandé de l’arrêter en même temps que la fin de la campagne. Que d’argent dépensé pour si peu de temps !

Sinon, dès le début, j’avais en tête que les données et leur possession allaient être très importantes pour les entreprises. Dans ce domaine, j’ai réalisé pour Usine Nouvelle un moteur d’indexation et de recherche sur leurs archives, ou alors, j’avais conseillé à Publicis d’acheter les archives de la bibliothèque nationale.

Guillaume MONTAGNON : Est-ce que l’on peut dire que le Minitel a lancé la vente à distance, le commerce électronique ?

Philippe ROBIAUD : Pas tout à fait. Certes La Redoute a démarré sur ce marché mais n’a pas été jusqu’au bout de la démarche. Il y avait le problème de la cible client qui était plutôt rurale et donc peu équipée en Minitel. Il y avait aussi le problème de présentation du catalogue produit, ils n’ont pas pu mettre en ligne le contenu du catalogue papier. Les contraintes de cette télématique ne permettaient pas de réaliser une boutique Amazon même si toutes les technologies de la télématique étaient similaires à celles d’Internet qui arriverait plus tard.

De plus, les décisions qui pouvaient être prises sur la télématique (Franco-française) et sur Internet (internationale) ne l’étaient pas au même endroit et au même échelon. Dans les grands groupes mondiaux, le mouvement vers Internet était décidé par le siège et non pas par une petite filiale française. Les projets télématiques ont donc été mis au placard par les sièges.

J’ai très mal pris cette transition sur Internet dans les années 90. Et même, si on ne regarde que le marché français et la télématique, je trouve que l’on n’a pas été aussi loin que l’on aurait dû. Les politiques, les réglementations (CNIL), le Larousse (nomenclature des services) ont été un grand frein au développement de la technologie. Alors que nous avions un grand succès lors de nos présentations et démonstrations, même aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, ils étaient scotchés lorsque l’on montrait notre technologie mais le marché y est très segmenté et il aurait fallu que la petite dizaine d’équivalent de France Telecom se mettent d’accord et distribuent des minitels.

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Insert Coin à la Monnaie de Paris

C’est du 1er Mars au 7 juillet 2024 que s’est déroulée l’exposition Insert Coin à la Monnaie de Paris.

L’exposition évoque l’histoire des machines de jeux à pièces de monnaie, dont l’âge d’or en France s’étire de la fin des années 1960 à la fin des années 1990.

Cette période voit l’essor des baby-foot, flippers, juke-box, bornes de jeux vidéo et autres jeux électromécaniques qui vont favoriser une culture des cafés et des salles d’arcade. L’expérience de visite contextuelle et interactive est structurée par un parcours chronologique présentant les machines incontournables de ces périodes dans des décors évocateurs des cafés et salles d’arcade des années 1960, 1970, 1980 et 1990. L’exposition interroge également la valeur et l’usage de l’argent, en mettant tout particulièrement l’accent sur l’argent de poche à travers le regard des utilisateurs des machines, principalement les adolescents.

Au-delà des histoires qu’elle raconte, l’exposition met le visiteur en situation de redécouvrir physiquement l’expérience de l’utilisation de la pièce de monnaie pour faire fonctionner un jeu. La Monnaie de Paris édite à cet effet, dans son usine de Pessac, une série de pièces de jeu ou jetons spécifiques, non monétaires, que les visiteurs recevront en début de parcours afin de pouvoir activer les machines d’époque, authentiques et jouables, dans les conditions matérielles d’origine.

L’occasion pour la Ludothèque Française de prêter quelques pages de son fond « presse arcade professionnelle »

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Clavier Minitel

Compte rendu de l’exposition 3615 MO5 à Arcueil

C’est du 28 novembre au 2 décembre qu’eu lieu à la médiathèque Louis Pergaud à Arcueil l’exposition 3615 MO5.

Pour cette exposition un peu intimiste de par sa taille, Philippe ROBIAUD, l’un des pères de la télématique, a prêté une partie de sa collection. L’occasion de découvrir de nombreuses machines tel un Unitel et sa caméra permettant de digitaliser des personnes, le tout premier lecteur de cartes à puces, fabriqué par Honeywell Bull ou même des Minitels ayant un clavier ABCDEF au lieu d’AZERTY.

Unitel

Le lecteur de disquettes de l'Unitel

Unitel

La JVC-TK1000 liée à l'Unitel

Unitel

Le clavier de l'Unitel

Lecteur cartes à puce Honeywell Bull

Le prototype de lecteur de cartes à puce Honeywell Bull

Jean-François DEL NERO, a même réussi à faire refonctionner un ancien « chauffe plats », permettant de redécouvrir des images en couleurs oubliées depuis près de 40 ans. Ces images provenaient toutes de disquettes 8 pouces sauvegardées grâce à notre outil, Pauline.

Teletel

Un Télétel fonctionnel !

Minitel

Philippe ROBIAUD sur Minitel

Cette exposition mettait à disposition plusieurs minitels fonctionnels avec un site spécialement créé pour ce type d’évènements, le 3615 MO5, du nom de l’association organisatrice avec la médiathèque. De même, en vitrines se trouvaient des documents exceptionnels provenant du fond ROBIAUD tels des impressions d’écrans ayant été exposées lors de la FIAC de 1983 où même des logos de TF1 non retenus à l’époque.

3615MO5

3615 MO5

images

Quelques documents anciens

Le mercredi, deux évènements captivèrent les audiences, une table ronde entre Philippe ROBIAUD et notre membre Benoît MORAUX que vous pouvez voir ci-dessous et un peu plus tard une conférence sur l’histoire de la télématique en France donnée par Philippe DUBOIS, président de l’association MO5.com. C’est ce jour que Philippe ROBIAUD est devenu officiellement membre d’honneur de MO5.com.

Table ronde avec Philippe ROBIAUD

Évolution du Minitel jusqu’à sa disparition – Philippe Dubois

Le samedi vit de très nombreux visiteurs défiler. Un atelier création d’écrans Minitel animé par Alexandre de MO5.com eut un franc succès.

A noter que cette exposition est amenée à voyager dans d’autres villes. Nous reviendrons vers vous sur ce sujet.

Table ronde

Table ronde avec Philippe ROBIAUD

Décorations

Sur les murs de l'exposition

Les fameux chauffes plats

Les fameux chauffes plats

Un prototype de Minitel

Un prototype de Minitel

Minitel portable

Minitel portable MO5

Valise minitel FIET

Valise minitel FIET

Metronics, ou les renseignements dans le métro parisien

Metronics, ou les renseignements dans le métro parisien

Inconnu du Minitel

L'Inconnu du Minitel, de la haute littérature

La majorités des photos de cet article ont été prises par MO5.

Affiche 3615
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Rencontre avec Philippe ROBIAUD

Mercredi 26 janvier 2022 eut lieu une première rencontre de Philippe ROBIAUD, une des mémoires de la télématique et du Minitel l avec les associations MO5.com et la Ludothèque Française.

Après-midi bien chargé. Visite des collections MO5.com puis première interview dans les locaux de la Ludothèque Française

Philippe ROBIAUD

Philippe ROBIAUD découvre les collections MO5.com

 

Quand il entre en télématique Philippe est Directeur associé depuis 1974 dans une société de conseil, + Consultants. A ce titre il dirige le département Etudes et Marketing.

En 1977 il est contacté par un ingénieur de France Télécom, Claude TERMENS qui a la charge de valider un concept de produit en gestation au sein de France Télécom.

La question, – toute nouvelle à l’époque, qui lui est posée est celle de l’avenir d’une connexion en temps réel entre le grand public et un ordinateur distant dans le but de proposer des services en ligne.

France Télécom a fait le constat que la majorité des français dispose d’un téléphone et d’une télévision et que si on relie les deux par ce qui s’appellera plus tard un décodeur, on pourra offrir une liaison avec des ordinateurs distants, donc des services en ligne en temps réel au grand public.

A Issy les Moulineaux le CNET (Centre national d’études des télécommunications) a mis au point un décodeur expérimental, Tic-tac.

Dans le même temps à Rennes une réflexion de même type était engagée au CCETT (Centre commun d’études de télévision et communications) qui débouchera sur un terminal autonome entièrement dédié et en noir et blanc. Ce sera le Minitel

Dans les années 70 les études de créativité étaient très à la mode en particulier pour traiter des problèmes d’innovation

IL est donc décidé d’organiser une réunion de créativité.

Un groupe de travail est sélectionné pour ses capacités créatives et sa diversité professionnelle

On y trouve un professeur d’HEC, Georges BLANC, un ingénieur d’Alcatel, Georges de MONTSERRAT, le directeur d’une société d’études SECODIP, Bernard PINET, un directeur d’une société d’informatique Serge GAUTHERON, un artiste informaticien un architecte, un journaliste et Claude TERMENS pour France-Télécom.

Deux jours de réflexion animés par Philippe ROBIAUD et Bernard DEMIAUX sont organisés au Moulin d’Andé sur les bords de Seine. Un haut lieu de la créativité à l’époque.

Moulin d'Andé

Non sans quelques difficultés et avec le renfort d’un tournevis pour activer Tic-Tac, Claude TERMENS établit une connexion avec l’ordinateur du CNET à Issy les Moulineaux

Une première image apparait : C’est une petite maison, sans doute la première image de la télématique.

Deux jours plus tard, la réunion a accouché et toutes les idées, tous les services que l’on connait aujourd’hui sont identifiés (Banque administration, transport, immobilier, média, industrie etc.) quelquefois avec une prescience surprenante

On dessine l’objet qui recevra les informations, il ressemble très fort aux micro-ordinateurs comme l’Apple2 en vogue à l’époque et a ce que sera le Minitel.

Un participant dessine un objet torique très coloré avec plein de sortie et déclare l’objet doit permettre de se « faire plaisir » ; Prémonition ?

Des photos sont prises, hélas aujourd’hui disparues

La réunion fait l’objet d’un rapport dithyrambique en trois exemplaires pour Philippe ROBIAUD, Claude TERMENS et son supérieur hiérarchique Philippe LECLERC.

Dommage qu’on en ait perdu la trace !

Suite à ce rapport, émerge l’idée d’un marché témoin, un test grandeur nature

Très rapidement la décision est prise

Ce sera Vélizy ou plutôt la zone Vélizy, Villacoublay et Versailles d’où le nom le plus communément admis pour le test T3V et on parlera de l’époque Vélizy.

En marge de cette décision, fin 78, on cherche un nom pour le projet télématique français

Ce sera TELETEL de préférence à CILOE à l’issue d’une recherche de nom organisée par Philippe ROBIAUD avec un groupe de collaborateurs de France Telecom

Il y aura des équivalents dans le monde Prestel en Angleterre, en Allemagne Bildschirmtumtex, Télidon au Canada et Captain au Japon

Aucune de ces initiatives ne connaitra le développement de Télétel

Philippe ROBIAUD

Retour à Vélizy

Philippe LECLERC dirige toute l’expérience depuis les locaux de Vélizy.

Les équipes se constituent, informaticiens, commerciaux, administratifs, communicants, graphistes

Le matériel suit : plusieurs ordinateurs mini6, plusieurs postes de création d’images Unitel

Un complexe informatique est créé sous la direction de Jacques TETARD, un ingénieur qui imaginera trop tôt sans doute un système de paiement des services en ligne PayPal avant la lettre.

2500 décodeurs sont fabriqués par Matra, Alcatel et Thomson et distribués à 2500 volontaires sur la zone T3V sélectionnés parmi 9000 volontaires

On les rebaptise poêles à frire. Ils peuvent se glisser sous les téléviseurs cubiques de l’époque.

Un clavier alphanumérique (ABCD…) détachable permet de se connecter aux ordinateurs distants et de communiquer

Une lettre d’information T3V voit le jour sous la responsabilité de Dominique LAMICHE

Le premier numéro raconte la vie quotidienne à Vélizy, l’avancement de test et fait la publicité des deux premiers prestataires de services, Unitel et Michel BARDA pour le matériel de composition et Philippe ROBIAUD pour + consultants créateurs de service et d’images

Seulement, pour faire des services, il faut trouver des fournisseurs de services

S’il est facile de les identifier, il est plus difficile de trouver des interlocuteurs au sein de ces futurs fournisseurs de services.

A qui parler ? Le produit était nouveau, n’avait pas d’équivalent.

Les enjeux sont difficiles à percevoir et à promouvoir.

Fallait-il s’adresser à des commerciaux, des informaticiens à des stratèges à des PDG ?

Une équipe de jeunes ingénieurs commerciaux est recrutée. Mais ce n’est pas facile de faire remonter un projet stratégique dans la hiérarchie d’une grande entreprise.

Malgré tout, on voit défiler à Vélizy de nombreux visiteurs français et étrangers aux compétences diverses

De son côté Philippe ROBIAUD est mandaté par France Télécom pour le même travail.de prospection et de promotion

Il se souvient de ses premiers clients, La BNP, Le Printemps, Elf, COOP, Cetelem, K-way, Donnay, Lesieur et de la difficulté à faire comprendre les enjeux.

Certains ont même pu penser que l’investissement à Vélizy devait être rentable à…..Vélizy.

Mais d’autres prestataires viennent très vite en renfort

Pour l’hébergement et la création de logiciel plusieurs entreprises proposent leurs services : Télésystème, GSI, Steria, Fourtanier.

Pour la création d’images, on s’équipe de machines Unitel de Michel Barda, une unité centrale et un clavier adapté à la norme Videotex/Antiope, un stockage des images sur diskettes

Michel BRET, professeur à l’Université de Vincennes développe un logiciel de composition pour la norme Videotex/Antiope baptisé Control’X et une tablette graphique associée, l’ancêtre de MacPaint

Daniel SAINT HORANT et Patrick REYER recrutent pour Havas une équipe d’étudiants des beaux-arts. Comme les graphistes de l’époque ils vont devoir s’adapter à la norme Videotex et ils feront des miracles avec cette contrainte de composition d’images.

Il ne dispose que de 9 couleurs et 1000 points pour créer une image. Elle pourra ainsi passer dans le réseau téléphonique et s’afficher en couleur sur l’écran de télévision avec une vitesse d’affichage acceptable.

Quand on regarde ces images aujourd’hui, leur valeur artistique saute aux yeux.

Certaines d’entre elles furent d’ailleurs exposées à Beaubourg.

D’autres figures émergent de l’époque Vélizy

Félix AMAR, un informaticien très doué qui programmera de nombreux services dont la première messagerie dite rose (Balma pour le Parisien Libéré) après sa naissance en Alsace

Elie ABITBOL responsable du serveur de Télésystèmes qui hébergera nombreux services.

Michel BOUVIER, l’adjoint de Claude TERMENS qui aura un rôle important dans la promotion de Teletel

Philippe ROBIAUD se souvient que sa femme est allée réaliser des images à Vélizy avec sa fille de cinq ans sous le bras.

Les ingénieurs de Vélizy ont installé la fillette avec un stylet devant une tablette où elle a pu créer ses premières images

Mais créer une image à la norme videotex point par point n’’était pas chose facile

Il fallait une demi-journée pour arriver à une image un peu sophistiquée

Début 1981 les premiers services consultables par les usagers commencent à se mettre en place

Plus de cinquante entreprises vont participer au début de l’expérimentation de Vélizy pour atteindre près de deux cents à la fin de l’expérience en juillet 1984

Très curieusement l’état et ses multiples services seront pratiquement absents.

Philippe ROBIAUD se souvient de la fierté des équipes de Vélizy à l’idée qu’elles avaient travaillé comme dans le privé c’est-à-dire avec beaucoup de rapidité et d’efficacité.

Ils étaient portés par le plaisir de la créativité

C’était une époque exaltante dont on n’avait pas vraiment conscience.

Il fallait faire feu de tout bois.et tout était à inventer

L’expérimentation de Vélizy durera cinq ans de 1979 à 1984

On peut légitiment la regarder comme la première pierre, l’acte de naissance d’une grande aventure mondiale, Internet, qui bouleversera notre société

Ça s’est passé en France.

La question sera souvent posée de savoir pourquoi la France n’a pas pu capitaliser sur cette innovation et son savoir-faire.

Ceci mériterait un plus large développement.

Ce qui est sûr, c’est qu’il était difficile de protéger une idée si ce n’est en tirant rapidement les conséquences et en avançant très vite dans les développements.

Philippe ROBIAUD

Quel fut le bilan de Vélizy ?

Il est difficile d’être exhaustif

Il fut très positif sur de nombreux aspects

Au plan technique on a pu mettre pour la première fois en relation des citoyens avec des ordinateurs distants, pour leurs offrir toute une gamme de services interactifs à domicile.

Le réseau téléphonique commuté ne pouvait supporter un fort développement des communications

Le réseau Transpac et les points d’accès Videotex (PAVI) résoudront ce problème.

De multiples services à domicile ont été créé à Vélizy Information, banques, commerces, immobilier, services, transports, industries,

Une prise de conscience des enjeux a pu se développer dans l’esprit des dirigeants de grandes sociétés

A titre d’exemple, le CCF développera les prémices des banques à domicile : De même dans l’immobilier la FNAIM verra tout le parti qu’on pouvait tirer de Teletel, tout comme les sociétés de vente par correspondance.

Innovations dans l’innovation, de nouvelles idées ont vu le jour comme les messageries, les jeux en ligne, les services commerciaux, les paiements (plus tard PayPal), les systèmes experts, l’interrogation sémantique (plus tard Google)

Vélizy à mis en évidence des perspectives de gains de productivité considérables pour de multiples sociétés voire même des inversions dans les dépenses entre clients et fournisseurs

Par exemple une banque dépensait de l’argent pour informer ses clients, elle a pu envisager déjà l’époque la banque en ligne et la suppression du papier et des relevés bancaires

Ce fut également le cas pour la SNCF, ses horaires papier et sa billetterie.

La télématique pouvait être regardée comme un phénomène de société comme l’a montré l’expérience de Vélizy

Les services en place à Vélizy ont été très bien accueillis et maitrisée par les utilisateurs préfigurant les millions d’usagers qui utiliseront le Minitel jusqu’au fond de nos campagnes.

C’est d’ailleurs en milieu rural que le minitel perdurera le plus longtemps

Loin d’isoler les individus comme certains le craignaient, on a vu à Vélizy les usagers se regroupés en de nombreuses associations en fonction de multiples centres d’intérêt

Philippe ROBIAUD

L’expérience de Vélizy s’est arrêtée en 1984

L’expérience était difficilement extrapolable telle que vécue à Vélizy

En effet l’utilisation télématique du téléviseur et du téléphone familial entrait en conflit avec l’utilisation classique d’une télévision et d’un téléphone

Mais le développement simultané du Minitel, un terminal qui intégrera rapidement la fonction téléphone réglera ce conflit.

La décision de France Télécom de distribuer des millions de Minitel gratuitement, avec l’argument remarquable de l’annuaire électronique, résoudra le problème d’accession au grand public

Toutefois le Minitel offrira une prestation avec la norme vidéotex en noir et blanc et signera la fin de la créativité graphique des images en couleur de Vélizy

Cette norme disparaitra avec Internet

Mais pendant quatre ans les graphistes talentueux des années 80 créeront quelques dizaines de milliers d’images en couleur sous la norme Videotex

Les images qui sont restées de l’époque Vélizy sont uniques et d’une étonnante beauté

Rappelons que certaines ont été exposées à Beaubourg.

Elles sont la partie visible et spectaculaire de la télématique française avant l’arrivée d’Internet

A ce titre elles ont aujourd’hui une valeur patrimoniale considérable

Après Vélizy le Minitel deviendra le référent de Télétel et ouvrira de nouvelles perspectives

Ceci est une autre histoire

A suivre dans la suite de l’interview……… !

Valise FIET

L’association MO5.com a profité de l’occasion pour faire une démonstration d’une valise Minitel FIET, toujours fonctionnelle après plus de 35 ans !

Valise FIET

C’est après cette réunion que notre membre Jean-François DEL NERO a créé un outil permettant d’afficher directement sur la valise des images issues des collections de Philippe ROBIAUD grâce à un hautparleur posé sur le combiné (https://github.com/jfdelnero/minitel/tree/master/Minitel_VDT2WAV )

Philippe ROBIAUD

Enfin, pour le plaisir des yeux, quelques images récupérées sur les disquettes 8 pouces de la collection de Philippe ROBIAUD.

Minitel Minitel Minitel Minitel Minitel Minitel

Rédigé par Benoît MORAUX le 1er février 2022, cet article a été relu, corrigé et augmenté par Philippe ROBIAUD le 12 février 2022

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Pauline

Retour vers le passé avec Pauline.

Nous en avions parlé lors d'évènements passés et sur différents forums. Pauline, le nouvel outil de préservation de disquettes développé par Jean-François Del Nero pour La Ludothèque Française, MO5.com et la Game Preservation Society est actuellement en cours de test.

Composée de différentes cartes conçues spécialement pour la préservation et d’une DE10-Nano, Pauline est amenée à être disponible pour les institutions, les associations, les collectionneurs, bref, tous ceux qui s’intéressent à la sauvegarde des disquettes, pour l’histoire, pour ne pas perdre leur collection, ou même parfois pour travailler.

Comparée aux nombreux outils déjà disponibles, Pauline se veut universelle : elle est faite pour fonctionner avec tous les formats de disquettes existant. De plus, hors son coût matériel, les outils logiciels (à venir sous le nom de Ludo) se veulent gratuits. Les résultats obtenus seront facilement réutilisables ou partageables et ce sans avoir besoin de payer une quelconque licence.

Pauline

Ses connecteurs lui permettent de fonctionner avec des lecteurs de 3 à 8 pouces (un adaptateur peut être nécessaire). Le principe de Pauline repose sur une lecture et un enregistrement du flux de données présent sur la disquette. Sa technologie permet une reprise à l’identique des protections et données existantes. Le logiciel permet lui de visualiser le flux, de repérer les secteurs défectueux et d’obtenir une sauvegarde fonctionnelle, peu importe la machine d’origine.

Mais sauvegarder le flux n’était pas suffisant. Pauline est également capable de simuler un lecteur et de recréer une disquette. Intégrant un mini site web, Pauline se pilote par le réseau. La partie logicielle fonctionne sur Windows et Linux et permet une visualisation en temps réel de la surface des disquettes. Le tout étant opensource, les possibilités futures sont nombreuses.

Nous reviendrons vers vous dès que les tests seront terminés et que le système sera définitivement disponible.

Page Sourceforge
Page de Jean-Francois Del Nero
Page de la Game Preservation Society
Page de MO5.com

Pour en discuter sur Discord

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Minitel

Préservation d’une disquette Vidéotex Unitel de 1983.

Une rencontre et une disquette !

Lors du Meetup organisé par le Musée du Minitel en juin dernier, la Ludothèque française à eu lImpressions Minitela chance de rencontrer Philippe, un des créateurs du Minitel dans les années 70. Ce dernier est venu les mains pleines de souvenirs : des impressions en grand format d'écrans Minitel (dont certaines créées par des artistes), mais surtout la disquette de l'apparition du visage de François Mitterrand sur les écrans à 20h, lors des élections présidentielles de 1981 !

On notera la faute sur le nom ici orthographié MITTERAMD au lieu de MITTERRAND...

Disquette Mitterrand

Durant cette soirée, Philippe nous remis une de ses disquettes. Disquette à sauvegarderCette dernière, âgée de près de 35 ans  attendait patiemment de pouvoir être lue.

Sauvegarder de tels documents est un devoir de mémoire. La Ludothèque française dispose déjà de ressources matérielles, mais les compétences techniques du Musée du Minitel sont essentielles à la réussite d'une telle entreprise. D'où le désir pour nos associations de créer une synergie.

Avant de l'insérer dans un lecteur 8 pouces, plusieurs vérifications de surface ont dû être faites : vérification de l'absence de moisissure, état du carton (qui avec l'âge peut se trouver aussi doux que du papier de verre)...

Jean-François, le directeur technique de l'association La Ludothèque française, s'est chargé de toute l'opération.

Une fois la confirmation du bon état du support, l'opération création d'une image fut lancée. Et cette dernière s'est déroulée à merveille, la disquette étant parfaitement conservée

Lecteur 8 pouces
Surface disquette

Si faire une image d'une disquette est une chose, pouvoir en lire le contenuContenu disquette en est une autre !

L'absence de système de fichier, tout comme le fait que nous ne sachions pas sur quelle machine, avec quel logiciel ou quel système d'exploitation cette disquette avait été créée nous empêchait de connaitre son contenu.

Pour parler plus technique, on pouvait constater qu'il s'agissait de  stockage à emplacement fixe... $D00 $1500 $1D00 $2500... Mais cela ne ressemblait pas à du code vidéotex, c'était donc sûrement un format interne à la console de composition qu'il allait falloir décoder.

Il fallait donc comprendre, voir les fonctionnalités/possibilités d'une console Vidéotex pour s'y attaquer.

C'est alors qu'un dénommé Zigazou nous a apporté la solution : la disquette était tout simplement encodée en EBCDIC (Extended Binary Coded Decimal Interchange Code) qui est un mode de codage des caractères sur 8 bits créé par IBM à l'époque des cartes perforées.

Il n'y avait donc qu'à convertir les données en clair. Malheureusement, les premiers tests, bien que prometteurs, n'étaient pas satisfaisants :

Test image 1
Test image 2

Un nouvel outil de conversion, ebcdic2vdt, fut mis en place, puis un script Python 3 interprétant le format des disquette fut créé : Unitel. Et voila !

35 ans après, nous vous laissons découvrir ces images créées pour le Minitel :

Mosaïque Minitel

Des centaines de disquettes sont en attente de sauvegarde. Nous nous y attèlerons très vite !

La Ludothèque française tient à remercier Philippe pour son prêt, Le Musée du Minitel pour son aide et son travail de préservation du monde de la télématique et Zigazou qui a permis le décryptage des données.

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